La loi du 16 juillet 1912 sur
l'exercice des professions ambulantes et la réglementation
de la circulation des nomades est un élément essentiel
de compréhension de la continuité des traitements
législatifs, administratifs et policiers des Tsiganes
en France au cours de ce siècle. En vigueur jusqu'en
1969, elle a régi la vie des nomades et les a relégués
dans une position de citoyens de seconde zone tenus de faire
viser, à chacun de leurs déplacements, des papiers
spécifiques portant leur signalement anthropométrique.
Abrogée en 1969, elle fut remplacée par une loi,
toujours en vigueur, qui ne constitue qu'un assouplissement
des dispositions antérieures.

Collection F. Reille,
1912
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La législation
élaborée au début du siècle
fut aussi le cadre juridique de l'internement des Tsiganes
en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le décret-loi
du 6 avril 1940 interdit "la circulation des nomades
sur la totalité du territoire métropolitain",
au titre que leurs incessants déplacements peuvent
constituer pour la défense nationale un danger
très sérieux.
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Sont assignés à
résidence, puis internés les "individus errants,
généralement sans domicile, ni patrie, ni profession
effective (...) qu'il ne faut pas confondre avec les forains...",
en d'autres termes les nomades, c'est-à-dire, édicte
le décret-loi, "toutes les personnes réputées
telles dans les conditions prévues par l'article 3 de
la loi de 1912".
Ainsi, les catégories
sans cesse mobilisées de la fin de la Troisième
République à la veille de la Quatrième
sont celles de la loi de 1912. Au-delà des éléments
de conjoncture, l'historicité de catégorisations
et de pratiques, la préexistence d'un système
d'ordre, expliquent que le relais s'opère sans solution
de continuité entre la république finissante et
le régime de Vichy, et que le sort inique fait aux Tsiganes
perdure un temps après la Libération, dans l'indifférence
générale. [Lire
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